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Philippe NIVET, La France occupée, 1914-1918 (par P. Salson)

Philippe NIVET, La France occupée, 1914-1918, Paris, Armand Colin, 2011, 480 p.

Un après Annette Becker[1], c’est au tour d’un autre historien du Centre de recherche de l’Historial de Péronne de publier un ouvrage de synthèse sur l’occupation 1914-1918, ici étudiée seulement dans le cadre du territoire français.

Philippe Nivet considère que l’heure serait désormais venue de dresser une synthèse de la floraison, à partir des années 1990, de mémoires universitaires portant sur cette expérience d’occupation. Il s’appuie également sur une recherche personnelle visant à collecter des récits de l’occupation d’origines variées (témoignages publiés, enquête auprès des instituteurs conservée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, procès-verbaux de rapatriés ou de « personnes suspectes »…).

Une occupation envisagée sous quatre angles

Le regard est d’abord porté, dans une première partie, sur l’occupant qui opérerait une « germanisation » du territoire. Philippe Nivet s’emploie à en décrire les signes ; selon lui, « l’occupant considère donc comme sien le territoire envahi » (p. 84). La preuve en serait apportée par l’ampleur des réquisitions, des pillages et des contributions exigées. L’occupant chercherait ainsi à détruire l’industrie du Nord de la France pour qu’elle ne puisse faire concurrence à l’industrie allemande après-guerre (p. 101). Le ton de l’ouvrage dans cette première partie paraît fortement influencé par les publications de l’entre-deux-guerres qui dénonçaient un plan allemand préétabli de démantèlement de l’économie française, voire d’exhaustion[2].

À partir de la deuxième partie, Philippe Nivet se focalise sur la population occupée avec un objectif : « rendre compte au plus près de la vie des occupés » (p. 11), d’où la part prise par les témoignages. Et cette deuxième partie s’attache à décrire le quotidien des occupés entre privations, travail forcé, déportation… C’est donc un portrait de l’occupé victime de la guerre qui se dessine ici.

La troisième partie porte sur l’attitude de la population analysée à partir des catégories définies, et désormais critiquées, par les historiens de la Seconde Guerre mondiale : Résistance, accommodements, Collaboration. Philippe Nivet justifie ce choix en rejetant les définitions trop restrictives de la Résistance pour privilégier ce qu’en a dit Jacques Sémelin, c’est-à-dire « un processus spontané de lutte de la société civile par des moyens non armés » (p. 207). Il ne revient pas en revanche sur le débat historiographique autour du thème de l’accommodement[3]. D’ailleurs, il utilise davantage le terme de rapprochement pour qualifier les formes de familiarité qui se créent entre le soldat logé et les familles françaises, rapprochement pouvant aller jusqu’aux relations sexuelles.

Enfin, dans une dernière partie, la borne chronologique de 1918 est dépassée pour s’intéresser au devenir des occupés après-guerre. C’est là l’apport le plus important de l’ouvrage, Philippe Nivet décrit une société tiraillée par de nombreuses tensions, très loin de l’euphorie unanime de la victoire : désillusion devant les difficultés de ravitaillement, sentiment d’avoir été oublié pendant quatre ans, désir de vengeance contre ceux et surtout celles qui s’étaient compromis.

Un travail fondé sur une documentation variée mais peu mise en perspective

La démarche adoptée par Philippe Nivet est largement descriptive. Son désir de rendre du quotidien des civils occupés le conduit à brasser une masse considérable de récits de natures différentes (journaux intimes, procès-verbaux d’interrogatoire, articles de journaux…) et d’études monographiques provenant de travaux d’étudiants. L’ouvrage comporte d’ailleurs la liste des sources imprimées utilisées et une bibliographie détaillée. En cela, il se distingue de la précédente synthèse sur l’occupation[4], L’auteur lui-même insiste sur ces différences en affirmant que « la plupart des sources archivistiques utilisées pour le présent volume ne l’ont pas été » par Annette Becker (note p. 401).

Son histoire de l’occupation couvre alors l’ensemble des territoires occupés en France, de la région lilloise jusqu’aux Vosges « afin de ne pas limiter, comme souvent, l’histoire de l’occupation entre 1914 et 1918 au département du Nord » (p. 11). Cette analyse du quotidien permet de dresser un tableau assez nuancé des relations entre occupés et occupants. L’ampleur du rapprochement entre les civils et les soldats logés n’est pas niée et les récits en donnent de nombreux exemples. Des tensions sociales fortes s’expriment également au sein de la population civile occupée comme en témoignent les dénonciations pendant la guerre, puis les rancœurs d’après-guerre. La première partie de l’ouvrage laisse en revanche le lecteur sur sa faim. La germanisation n’est décrite qu’à partir de récits français, donc ennemis. Aucune documentation allemande ne vient confirmer cette hypothèse d’un tel mode d’administration. De manière générale, la bibliographie utilisée reste très franco-française.

Autre regret, les nombreux témoignages utilisés ne sont pas critiqués : au contraire, ils prennent place dans l’argumentation comme preuve de l’hypothèse avancée. Le lecteur peut alors légitimement se poser plusieurs questions :

Premièrement, un témoignage est-il automatiquement fiable ? Un écrit du for intérieur, un procès-verbal d’interrogatoire, un récit rédigé à l’intention de ses supérieurs hiérarchiques peuvent-ils être considérés comme équivalents ? La condition de production de ce récit ne peut-elle pas influer sur ce qui est dit ?

Deuxièmement, peut-on généraliser une situation décrite dans plusieurs témoignages ? En quoi les récits collectés sont-ils représentatifs ? Philippe Nivet procède par succession d’exemples et de témoignages venant de lieux différents pour confirmer, voire démontrer une affirmation. Mais jamais le récit n’est replacé dans le contexte social, territorial ou temporel, comme si la réalité vécue par un bourgeois citadin était la même que celle d’un petit paysan. Or l’occupation a-t-elle été vécue partout de la même manière ? Ou y a-t-il des spécificités locales ? L’expérience est-elle la même pour toutes les catégories sociales ? N’y a-t-il pas des évolutions au cours de la période ?

Enfin, la réalité décrite par les témoignages deviendrait exemplaire de ce qu’est l’occupation entre 1914 et 1918 puisqu’elle n’est pas comparée à d’autres territoires occupés ou à d’autres expériences d’occupation. Par exemple, Philippe Nivet évoque les pillages et les destructions ainsi que les souillures laissées par les soldats dans les maisons où ils pénètrent au moment de l’invasion (p. 31). Ces faits semblent témoigner de la violence et de la haine envers l’ennemi. Or ce n’est pas une situation exclusive de l’occupation, Emmanuel Saint-Fuscien a décrit le même genre de faits du côté français[5]. Ces violences sont davantage typiques des débordements que peuvent provoquer des troupes fatiguées après des combats violents, que de l’occupation en tant que telle. Il en est de même pour la pratique des otages lors de l’invasion : elle n’est pas nouvelle, les officiers reproduisent des solutions que l’armée prussienne avait adoptées lors de la guerre de 1870-1871.

Une histoire qui s’inscrit dans la continuité de l’approche culturelle du Centre de recherche de Péronne

D’autre part, Philippe Nivet reprend sans analyse critique les postulats caractéristiques de l’histoire culturelle (voir le répertoire critique établi par André Loez et Nicolas Offenstadt : http://www.crid1418.org/espace_scientifique/textes/conceptsgg_01.htm). Il fait référence par exemple à « une culture de guerre » caractérisée par l’obsession de l’odeur de l’ennemi (p. 31).

À la suite d’Annette Becker, Philippe Nivet parle de « renversement de l’ordre sexué » pour caractériser  une déportation des Lillois à Pâques 1916 perçue comme étant exclusivement féminine (alors qu’une part non négligeable d’hommes est également déportée). Il décrit ainsi ce renversement : « des femmes ont dû travailler comme les hommes, des bourgeoises ont été traitées comme des prostituées, des jeunes filles comme des femmes mûres » (p. 148). On voit que le renversement de l’ordre sexué devient inconsciemment renversement de l’ordre social. Mais surtout un processus aussi complexe que le renversement de l’ordre sexué n’est confirmé que par un seul témoignage qui dénonce le fait que les jeunes filles, innocentes et pures, soient regroupées avec des hommes.

Philippe Nivet rejoint également Annette Becker sur l’affirmation d’un unanimisme patriotique au sein de la population occupée. Il argumente ainsi à propos de la rareté des condamnations pour « intelligence avec l’ennemi » après-guerre : « leur faible nombre révèle, au contraire, l’ardent patriotisme dont ont fait preuve, entre 1914 et 1918, les populations locales » (p. 364). Là encore, on aurait aimé davantage d’explications. En quoi le fait de ne pas commettre le crime d’ « intelligence avec ennemi » est-il le signe d’un ardent patriotisme de la population occupée ? Le choix était-il pour un civil occupé entre la trahison et l’ardent patriotisme ? Les convictions personnelles peuvent-elles être révélées par les actes individuels ?

Dernier point commun enfin avec Annette Becker, c’est l’idée que l’occupation a consisté en un « véritable régime de «  terreur  » » (p. 373) et Philippe Nivet justifie ce terme par sa présence dans plusieurs témoignages. Il est vrai que les témoignages parlent de terreur, de joug, de Barbares. Mais cela correspond-il pour autant à la réalité de l’occupation ? La terreur renvoie à un régime autoritaire pratiquant une répression massive à l’aide d’une justice expéditive. Est-ce le cas de la France occupée entre 1914-1918 ?

Finalement, le recours à des telles affirmations pose plus de questions qu’il n’apporte des éclaircissements sur l’occupation en France de 1914 à 1918.

Avec La France occupée, 1914-1918, Philippe Nivet s’inscrit donc dans la continuité d’une histoire culturelle. L’argumentation s’appuie sur quelques postulats (germanisation, renversement de l’ordre sexué, unanimisme patriotique) qui sont étayés par des témoignages qui, hélas, sont insuffisamment critiqués. Il manque une réflexion sur les conditions de validité de telles affirmations : pour quel territoire, pour quelle période, pour quelles catégories de population sont-elles valables ? Peuvent-elles être généralisées à l’ensemble de la France occupée ?

Toutefois, Philippe Nivet parvient à esquisser de nouveaux aspects de l’occupation quand il étudie l’après-guerre ou les rapprochements entre civils occupés et soldats allemands. En fait, la lecture de La France occupée, 1914-1918 laisse voir, malgré l’affirmation précédemment citée de l’auteur, que la population occupée n’est pas un bloc homogène, unanimement patriotique : de fortes tensions la parcourent. Le clivage national n’est pas en outre indépassable, d’où les échanges qui s’établissent entre soldats et civils occupés. Ainsi, les civils font progressivement la distinction entre l’autorité d’occupation et le soldat allemand, ce qui remet en cause les représentations que l’on avait de l’ennemi. On voit par là que le raisonnement à plusieurs échelles (à l’échelle de la France occupée, à l’échelle d’une commune occupée, à l’échelle individuelle) est nécessaire pour rendre compte de toute la complexité de l’expérience de l’occupation.


[1] Annette BECKER, Les Cicatrices rouges 14-18. France et Belgique occupées, Paris, Fayard, 2010, 373 p. (voir la recension qui en avait été faite : http://www.crid1418.org/bibli/?p=95)

[2] Georges GROMAIRE, L’occupation allemande en France (1914-1918), Paris, Payot, 1925, 501 p.

[3] Notion développée par Philippe BURRIN, La France à l’heure allemande. 1940-1944, Paris, Seuil, 1995, 559 p. mais critiquée par Pierre LABORIE, Le Chagrin et le Venin. La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues, Paris, Bayard, 2011, 356 p.

[4] Annette BECKER, op. cit.

[5] Emmanuel SAINT-FUSCIEN, «  » Forcer l’obéissance  » : intentions, formes et effets d’une pratique militaire dans l’activité combattante de la Grande Guerre » in André Loez et Nicolas Mariot, Obéir/désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective, Paris, La Découverte, 2008, p. 40

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