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HADDAD Galit, 1914-1919, Ceux qui protestaient (par R. Cazals)

HADDAD Galit, 1914-1919, Ceux qui protestaient, Paris, Les Belles Lettres, 2012, 436 p. (préface de Stéphane Audoin-Rouzeau, p. 7-9).

Qui publie en 2012 sur un tel sujet prend le risque de voir son livre comparé à l’ouvrage remarquable d’André Loez, édité en 2010 (14-18, Les refus de la guerre, Une histoire des mutins, Paris, Gallimard, collection « Folio-Histoire », 690 p.). Disons d’abord que, chez Galit Haddad (GH), contester l’apport d’André Loez en employant des termes désobligeants n’est pas de bonne méthode. Si l’on veut pouvoir dire qu’il y a dans le livre d’André Loez une « confusion sciemment établie entre soldats pratiquant différents modes de désobéissance tout au long du conflit, depuis 1914 jusqu’aux mutineries de 1917 », il faut le prouver, et ne pas enchaîner sur cette incohérence : « tout refus de combattre ne signifie pas nécessairement une mise en cause des objectifs au nom desquels on combattait. Ainsi est-il sans doute indispensable d’effectuer une distinction conceptuelle entre refus de combattre et refus de la guerre : un rejet du combat ne signifie pas de manière univoque une mise en cause de la guerre elle-même et de ses buts » (p. 223). Aux pages suivantes, on trouve encore que Loez « se garde d’aborder » le contre-refus, qu’il « ne veut entendre que le seul discours du refus à l’appui de la thèse qu’il souhaite avancer ». Or, si on prend le livre d’André Loez p. 278-285, on rencontre ceux qui ont refusé les mutineries. GH nous dit encore que les travaux sur les mutineries se sont focalisés sur les actes et ont oublié le discours, ne voyant ainsi qu’une facette de la contestation (p. 28). Or le livre d’André Loez est plein de la parole des mutins. D’autres aspects de ce livre sont caricaturés par GH. Ainsi les 18 pages (39-56) d’André Loez où il explique soigneusement comment l’entrée en guerre a été « une évidence collective » sont « résumées » de manière tendancieuse en une expression (GH, p. 221) : la guerre « s’impose à l’individu qui n’a d’autre choix que d’obéir à l’autorité militaire, sans contestation possible ». Venons-en au fond du propos.

Ce livre est d’abord très intéressant parce qu’il remet en cause l’affirmation de Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker selon laquelle il a existé une « vieille complaisance historiographique pour les refus plutôt que pour les consentements[1] ». Ici, GH affirme que l’histoire de la Première Guerre mondiale a laissé dans l’ombre ceux qui protestaient. Sa conclusion est éloquente (p. 385-386), rappelant « la constance avec laquelle l’historiographie de la Grande Guerre a vu dans le discours de la protestation un phénomène marginal », revenant sur le fait que, après l’action de la censure, la voix de la contestation « fut comme étouffée une seconde fois dans le secret des cartons poussiéreux des archives de la Défense ». Elle ajoute : « Et même ces cartons une fois ouverts – il y a de cela quarante-cinq ans environ -, ces cris des combattants n’ont pas bénéficié de toute l’attention qu’ils eussent été en droit d’attendre de la part des historiens[2]. » En fait, même si elles sont en contradiction frontale, les deux affirmations, de SAR et AB d’une part, de GH d’autre part, sont fausses. D’une part, les grandes thèses de Jean-Jacques Becker, Jules Maurin et Antoine Prost, les livres importants de Ducasse, Meyer et Perreux, de Marc Ferro et de Duroselle n’ont pas cherché à privilégier les refus, mais à faire de l’histoire. Et, d’autre part, plus récemment, la publication de témoignages de combattants, carnets personnels ou correspondances, Barthas, Bès, Bousquet, Mauny, Rouvière, Tanty, Vandrand, etc. (dont nous reparlerons) a mis la protestation combattante à portée des historiens voulant se documenter sérieusement.

GH a fait le choix de ne pas étudier les actes et les pratiques, de s’en tenir aux discours. Elle examine le discours pacifiste chez les civils, les protestations des soldats et les éventuelles interactions entre le front et l’intérieur. Son livre nous remet en mémoire le rôle des femmes (Marcelle Capy, Hélène Brion…), des instituteurs, des anarchistes (Louis Lecoin, Sébastien Faure…), des socialistes de Zimmerwald et Kienthal… Elle montre l’espoir suscité par Stockholm ; elle souligne le caractère pacifiste des grèves de 1918 ; elle aborde, au moment de la victoire, les préoccupations des pacifistes concernant le type de paix. Chez les combattants, elle sait voir les effets de la venue de l’hiver sur le « moral[3] », et le rôle des destructions pratiquées par les Allemands dans leur retraite dans la remobilisation des Français en 1918. Auparavant, elle avait consacré une page (170-171) au thème « S’identifier à l’ennemi », mais en oubliant trêves et fraternisations qui sont cependant bien documentées et qui ont donné lieu à du discours protestataire relevé par le contrôle postal[4]. GH montre de l’empathie pour les protestataires en fournissant de longues et belles citations, qu’il s’agisse de la lettre d’une femme allemande (p. 129 : « Je sais, je sais, mon chéri, que je ne te verrai plus »), de la déclaration d’Hélène Brion devant ses juges (p. 282 : « Je comparais ici comme inculpée de délit politique : or je suis dépouillée de tous droits politiques »), d’un article de Pierre Brizon dans La Vague, 12 septembre 1918 (p. 339 : « A supposer qu’il puisse jamais y avoir dans cette guerre un vainqueur écrasant, il tomberait mourant dans le cimetière du vaincu »).

En même temps, le livre donne l’impression que GH cherche à atténuer autant que possible le poids de la protestation pour ne pas heurter de front la théorie du consentement. On a vu son attitude de dénigrement de la thèse d’André Loez ; il faut signaler ses lacunes concernant les sources et la bibliographie. Les colloques proches du CRID 14-18, Paroles de paix en temps de guerre (cinq communications sur 14-18) et La Grande Guerre, pratiques et expériences ne sont pas connus[5]. Si le colloque Obéir/désobéir est cité en bibliographie, le texte de réflexion de Nicolas Mariot, membre du CRID, sur mutins et non-mutins n’est pas utilisé, alors qu’il est au cœur du problème soulevé par GH p. 238 et suivantes[6]. Dans l’index de GH, Antoine Prost apparaît une seule fois pour le livre rédigé avec Jay Winter[7] ; François Cochet, Marc Ferro, Jules Maurin, Frédéric Rousseau n’apparaissent pas du tout.

La position inconfortable de GH entre l’empathie pour son sujet et le carcan théorique qu’elle suit se traduit par une série de contradictions. J’en ai relevé quelques-unes :

– P. 35, on lit : « De fait, dans la mesure où la production culturelle a été à l’unisson du consensus national tout au long de la guerre, on pourrait presque dire que la censure n’était pas ‘nécessaire’. » Voilà pour la théorie mais, quelques pages plus haut (p. 17) GH avait noté que l’Etat avait « exercé une censure draconienne sur toutes les publications susceptibles de mettre en cause le bien-fondé de la thèse de la Défense nationale ».

– P. 72, la protestation pacifiste qui dit en septembre 1915 : « aucune raison humaine ne peut justifier la prolongation indéfinie de cette gigantesque tuerie » est détournée de son sens lorsque GH en conclut qu’elle exprime l’idée que « la guerre n’était acceptable qu’à condition d’être courte ».

– P. 89-90, une phrase de Léon Werth qui compare les soldats à des « bêtes de troupeau et d’abattoir, qui n’osent pas haïr leurs maquignons et leurs bouchers » indiquerait, d’après GH, qu’il s’agit moins « de les présenter comme des victimes (comme chez Jean Giono par exemple) ou des sacrifiés, que de faire ressortir leur docilité et leur soumission ». Il me semble, pourtant, que « abattoir » et « bouchers » s’accordent assez bien avec « victimes » et « sacrifiés ».

– P. 244, on peut lire que les familles, à l’arrière, « réprouvent sans ambages toute infraction aux règles militaires », ce qui est « l’illustration même que tout acte de protestation en temps de guerre reste illégitime pour le ‘front intérieur’ ». Mais on apprend plus loin (p. 249) que les soldats reçoivent dans leurs lettres des coupures de presse annonçant les grèves et critiquant « la guerre, la patrie et les chefs ».

– P. 334, on signale le silence des pacifistes dans la deuxième partie de 1918, à l’exception du journal La Vague ; mais (p. 290), on nous avait informés que La Vague tirait à plus de cent mille exemplaires à cette époque ; il s’agit donc d’un « silence » assez bruyant.

– Sur la même page (346), à propos des derniers mois de guerre, la formule « la protestation combattante n’existe tout simplement plus » est commentée ainsi : « La terminologie empruntée à l’univers de l’abattage, les formules exprimant le ‘cafard’, les réquisitoires idéologiques, la haine de l’arrière, ou encore la mise en cause de la culture de guerre, tout cela devient moins récurrent dans la correspondance combattante. »

– P. 349, pour « prouver » qu’en août 1918 les soldats sont remobilisés pour la victoire, GH utilise une citation qui se termine par « nous pourrons dire ‘ouf’ ».

– P. 363, toujours à partir de l’été 1918, la confusion devient complète dans cette phrase : « Nous n’avons en réalité à notre disposition que des extraits éparpillés dont l’opinion, désormais écrasante, se situe à contre-courant d’un consentement combattant. » J’ai copié cette phrase avec une totale attention. Sans doute y a-t-il quelque part un lapsus qui la rend incohérente, et cela nous conduit à une nouvelle rubrique qui arrive malheureusement trop tard pour GH.

Sur le plan formel, le volume contient un nombre incalculable de fois l’expression [sic] après une faute d’orthographe ou de français dans la citation d’une lettre de soldat, mais pas après toutes les fautes. Dans de nombreux cas, on ne sait pas si ces [sic] sont dus à GH ou au censeur postal qui a rédigé son rapport et recopié la phrase du combattant ; mais dans certains cas, il est clair qu’ils sont de GH (notamment p. 110, lettre citée par Thierry Bonzon et Jean-Louis Robert[8] qui, eux, ne s’étaient pas permis d’ajouter des [sic]). Je dis toujours à mes étudiants : lorsque vous citez le texte d’un témoin, n’utilisez pas la formule [sic] s’il commet des fautes car je trouve cela un peu méprisant ; dites une fois pour toutes : « orthographe des originaux respectée ». Et à présent je dis à ceux qui souhaiteraient, dans quelques années, citer des phrases de GH elle-même, n’ajoutez pas des [sic] pour signaler les nombreuses coquilles dans son propre texte[9].

– On aurait pu conseiller à GH d’éviter cette expression naïve à propos de la lettre du front (p. 23) : « Sa dimension subversive ne réside pas dans son genre discursif : celui-ci n’est pas polémique ou illégal, comme le sont les tracts ou la presse clandestine de l’arrière. Ce qui rend subversives ces lettres, ce sont les propos non-conformistes qui parfois s’y lisent. » La phrase qui nous dit qu’en août 1914 « les voix pacifistes qui s’élevaient avant la guerre se taisent » (p. 31) aurait pu être complétée par la mention de la voix qu’on avait fait taire par l’assassinat de Jaurès le 31 juillet.

– Le film Les Sentiers de la Gloire n’a pas été interdit en France comme l’écrit GH (p. 14), mais on ne va pas retenir une erreur mineure puisque les spécialistes nous disent qu’il n’a pas été présenté à la Commission de contrôle par crainte d’interdiction[10]. Par contre, mieux valait ne pas ajouter que, en 1957, lors de la sortie du film, la France était « alors à peine sortie de la guerre d’Algérie ». Autre erreur p. 103 et répétée p. 131 : « En déclenchant l’offensive de Verdun, les Allemands voulaient ‘saigner à blanc’ les Français… » Les historiens allemands ont montré que cette vision des choses, n’avait été affirmée par Falkenhayn que dans un texte tardif destiné à cacher l’échec de son véritable plan qui était de prendre Verdun[11]. Il aurait également fallu relire la phrase de la p. 289 qui semble très bizarre : en mai 1918, les femmes de Firminy auraient marché vers la gare « pour empêcher les mobilisés des classes 1911, 1912 et 1913 de partir ». Or ces mobilisés étaient partis dès 1914. S’agit-il d’ajournés récupérés par les conseils de révision ? d’affectés spéciaux renvoyés sur le front ? ou de tout autre chose ? On ne sait.

– Terminons cette rubrique avec la chanson de Craonne sur laquelle, nous dit GH p. 210, « on possède très peu d’informations ». Ceux qui ont lu les Carnets de guerre du tonnelier Barthas ont pu la rencontrer au moment où il décrit les mouvements d’indiscipline de 1917 dans son unité (p. 471-472). Ceux qui ont cherché à trouver beaucoup d’informations sur la chanson de Craonne ont pu lire l’article très documenté de Guy Marival dans le livre collectif à l’origine de la création du CRID 14-18. C’est encore une lacune dans la bibliographie très sélective de GH[12].

Le problème principal de méthode concerne les sources de la parole combattante. D’après GH (p. 25), la parole protestataire des combattants ne serait « accessible que par le biais des rapports des archives du contrôle postal », ce qui fera sursauter beaucoup de ceux qui connaissent la question, même si GH apporte la mince nuance : « complétés parfois par d’autres sources sur certains aspects ». Les rapports du contrôle postal sont une source très insuffisante. D’une part, il ne s’agit que de sondages et GH n’a consulté que 32 liasses, se limitant à la IIe armée. D’autre part, ces contrôles sont restés mal organisés avant 1916-1917 : rien d’étonnant à ce qu’on rencontre peu de protestations dans cette source avant cette date. GH en a eu conscience et elle annonce (p. 83) un « détour » pour « combler – au moins partiellement – ce déficit de sources : le passage par les témoignages combattants ». Finalement « les » témoignages combattants se réduisent à un seul, celui de Léon Werth, certes intéressant, mais il faudra revenir sur cette absence de curiosité. Restons sur les limites du contrôle postal en tant que source. La synthèse rédigée par le censeur peut être orientée par l’état d’esprit du rapporteur lui-même. Les rapports permettent rarement de connaître le grade de l’auteur des lettres citées, et jamais son statut social dans le civil (alors que la publication d’un corpus de lettres, si elle est bien faite, nous renseigne sur l’auteur et montre son évolution). Les trop courtes citations restent quelquefois ambiguës. En ce qui concerne les non-mutins, par exemple, condamnent-ils la mutinerie de leurs camarades par principe, ou parce qu’ils sont victimes de punitions collectives causées par les troubles, ou encore pour affirmer à leur famille (et à la censure) qu’ils n’ont pas participé eux-mêmes au mouvement ? Ce qui devait être un apport décisif se révèle bien mince, du fait de l’insuffisance de la source. Ajoutons, ce que ne dit pas GH, que les censeurs ont classé les lettres en trois catégories : « bonnes », « mauvaises » et « sans intérêt », et que la troisième catégorie représente souvent autour de 90 % du total. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que ceux qui ont de « bons » sentiments, alors que rien ne les empêche de les exprimer, sont peu nombreux. Que ceux qui expriment de mauvais sentiments sont peu nombreux aussi, mais peut-être parce qu’ils craignent la censure, pas vraiment par peur pour leur personne, mais pour ne pas risquer de voir interrompre le lien qui les rattache à leur famille[13].

Le témoignage du combattant Léon Werth n’est utilisé par GH que pour la période 1914-1915. Pour la suite, elle se contente des rapports du contrôle postal dont nous venons de voir les limites comme source. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ne voie apparaître les formules non-conformistes des combattants qu’à partir de l’automne 1916 (p. 159), ou encore (p. 175) : « A la fin de l’année 1916, les premiers signes de protestation apparaissent dans la correspondance des soldats, et bien qu’ils soient encore dérisoires, leur existence est en soi significative : elle annonce une nouvelle tendance dans le discours combattant. » Alors, oui, la durée de la guerre rend ce discours de plus en plus vif, mais il existe depuis 1915, voire depuis l’automne 1914. Si GH avait voulu consulter le dictionnaire des témoins sur le site du CRID, elle aurait pris connaissance des témoignages de Charles Auque, Jean Bec, Victorin Bès, Joseph Bousquet, Paul Corbeau, Louis Duchêne, Marcel Garrigue, Emile Mauny, Léopold Noé, Delphin Quey, Maurice Pensuet, Charles-Henri Poizot, Camille Rouvière, Etienne Tanty, Gabriel Thivolle-Cazat, Elie Vandrand, etc. Elle aurait vu que la critique des attaques stériles, des embusqués et des gros profiteurs, du bourrage de crâne, que l’attente angoissée de la fin, que tous ces éléments de la parole protestataire sont présents dans les carnets personnels et les correspondances des combattants dès 1915, voire dès l’automne de 1914. Elle aurait vu que, dès octobre 1914, Etienne Tanty crie sa haine des « apologistes du carnage » ; dès novembre, il s’en prend au bourrage de crâne ; en mars 1915, il se considère comme « bétail humain, parqué pour l’abattoir » ; en avril, il écrit qu’il a soupé de la patrie ; en juillet qu’il voudrait que soient bombardés « l’Elysée, la Wilhelmstrasse, les Parlements, les salons, les hôtels de journaux et cette vieille crapule de pape[14] ». Chez Emile Mauny, GH aurait trouvé d’autres éléments, comme l’interdiction à sa femme de participer aux emprunts de la Défense nationale pour ne pas allonger la durée de la guerre. Si GH avait bien voulu lire une des communications présentées au colloque Paroles de paix en temps de guerre, elle aurait eu connaissance de ces multiples « utopies brèves » présentes dans les témoignages publiés : pour mettre fin à la guerre, l’espoir dans l’action des neutres, ou dans l’arrivée du choléra pour détruire les armées, ou encore dans le refus de travailler les champs et de produire[15].

Ce n’est pas le lieu de commencer la rédaction d’un livre sur le discours protestataire des combattants d’après un corpus sérieux. Il suffit de dire que GH n’a pas su le constituer, ce qui représente la critique décisive à faire à son livre.

Rémy Cazals


[1] Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, Retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000, p. 127.

[2] A propos de « cri », on peut signaler à GH le livre de Rémy Cazals et Frédéric Rousseau, 14-18, le cri d’une génération, Toulouse, Privat, 2001, qui ne figure pas dans sa bibliographie.

[3] Voir une intéressante réflexion d’André Loez, « Pour en finir avec le ‘moral’ des combattants », dans Combats, Hommage à Jules Maurin, sous la dir. de Jean-François Muracciole et Frédéric Rousseau, Paris, Michel Houdiard, 2010, p. 106-119.

[4] Mais GH ignore aussi le livre collectif international Frères de tranchées, Paris, Perrin, 2005.

[5] Paroles de paix en temps de guerre, sous la dir. de Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt, Toulouse, Privat, 2006 ; La Grande Guerre, pratiques et expériences, sous la dir. de Rémy Cazals, Emmanuelle Picard et Denis Rolland, Toulouse, Privat, 2005.

[6] Nicolas Mariot, « Pour compter les mutins faut-il soustraire des moutons ? », dans Obéir/désobéir, Les mutineries de 1917 en perspective, sous la dir. d’André Loez et Nicolas Mariot, Paris, La Découverte, 2008, p. 345-372.

[7] Antoine Prost et Jay Winter, Penser la Grande Guerre, un essai historiographique, Paris, Seuil, collection « Points-Histoire », 2004.

[8] Nous crions grâce, 154 lettres de pacifistes, juin-novembre 1916, présentées par Thierry Bonzon et Jean-Louis Robert, Paris, Les éditions ouvrières, 1989, p. 56.

[9] En ce qui concerne la forme, le fait que les notes et les appels de notes soient déconnectés de la p. 349 à la p. 359 introduit une difficulté de lecture supplémentaire.

[10] Albert Montagne, « Verdun et la Grande Guerre sous le casque de la censure cinématographique », dans Les Cahiers de la Cinémathèque, Revue d’histoire du cinéma, n° 69, novembre 1998, « Verdun et les batailles de 14-18 », p. 72.

[11] Voir Gerd Krumeich, « ‘Saigner la France’ ? Mythes et réalité de la stratégie allemande de la bataille de Verdun », Guerres mondiales et conflits contemporains n° 182, p. 17-29.

[12] Guy Marival, « La Chanson de Craonne, De la chanson palimpseste à la chanson manifeste », dans Le Chemin des Dames, De l’événement à la mémoire, sous la dir. de Nicolas Offenstadt, Paris, Stock, 2004, p. 350-359.

[13] Voir Frères de tranchées, op. cit., p. 101 et suivantes.

[14] Le pape est pris à partie parce qu’il n’a pas su ou voulu empêcher la guerre ou y mettre fin. Si l’exemple de Tanty est développé ici au lieu de beaucoup d’autres, c’est que la publication de ses lettres ne doit rien à un quelconque membre du CRID : Etienne Tanty, Les violettes des tranchées, Lettres d’un Poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, Editions italiques, 2002 (préface d’Annette Becker). L’ignorance de l’existence de ce livre par GH est d’autant plus étonnante que Tanty appartenait au 129e RI, unité qu’elle a choisie comme étude de cas pour parler des non-mutins de 1917.

[15] Rémy Cazals, « Méditations sur la paix d’un combattant de 1914-1915 », dans Paroles de paix…, op. cit.

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